agonia romana v3 |
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■ sunt în corpul meu
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-03-14 | [Acest text ar trebui citit în francais] | Înscris în bibliotecă de Guy Rancourt
Comme un aveugle s’en allant vers les frontières
Dans les bruits de la ville assaillie par le soir Appuie obstinément aux vitres des portières Ses yeux qui ne voient pas vers l’aile des mouchoirs Cornme ce rail brillant dans l’ombre sous les arbres Comme un reflet d’éclair dans les yeux des amants Comme un couteau brisé sur un sexe de marbre Comme un législateur parlant à des déments Une flamme a jailli pour perpétuer Florence Non pas celle qui haute au détour d’un chemin Porta jusqu’à la lune un appel de souffrance Mais celle qui flambait au bücher quand les mains dressées comme cinq branches d’une étoile opaque attestaient que demain surgirait d’aujourd’hui Mais celle qui flambait au chemin de saint Jacques Quand la déesse nue vers le nadir a fui Mais celle qui flambait aux parois de ma gorge Quand fugitive et pure image de l’amour Tu surgis tu partis et que le feu des forges Rougeoyait les sapins les palais et les tours J’inscris ici ton nom hors des deuils anonymes Où tant d’amantes ont sombré corps âme et biens Pour perpétuer un soir où dépouilles ultimes Nous jetions tels des os nos souvenirs aux chiens Tu fonds tu disparais tu sombres mais je dresse au bord de ce rivage où ne brille aucun feu Nul phare blanchissant les bateaux en détresse Nulle lanterne de rivage au front des bœufs Mais je dresse aujourd’hui ton visage et ton rire Tes yeux bouleversants ta gorge et tes parfums Dans un olympe arbitraire où l’ombre se mire dans un miroir brisé sous les pas des défunts Afin que si le tour des autres amoureuses Venait avant le mien de s’abîmer tu sois Et l’accueillante et l’illusoire et l’égareuse la sœur des mes chagrins et la flamme à mes doigts Car la route se brise au bord des précipices je sens venir les temps où mourront les amis Et les amants d’autrefois et d’aujourd’hui Voici venir les jours de crêpe et d’artifice Voici venir les jours où les œuvres sont vaines où nul bientôt ne comprendra ces mots écrits Mais je bois goulûment les larmes de nos peines quitte à briser mon verre à l’écho de tes cris Je bois joyeusement faisant claquer ma langue le vin tonique et mâle et j’invite au festin Tous ceux-là que j’aimai. Ayant brisé leur cangue qu’ils viennent partager mon rêve et mon butin Buvons joyeusement ! chantons jusqu’à l’ivresse ! nos mains ensanglantées aux tessons des bouteilles Demain ne pourront plus étreindre nos maîtresses. Les verrous sont poussés au pays des merveilles. 4 novembre 1929 (Robert Desnos, Corps et biens, 1930)
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