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Le soleil décline
poezie [ ]

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de [Friedrich_Nietzsche ]

2008-06-19  | [Acest text ar trebui citit în francais]    |  Înscris în bibliotecă de Guy Rancourt




1

Tu n’as pas longtemps à souffrir de la soif,
Ô cœur consumé!
Il passe des promesses dans l’air,
Et de lèvres inconnues le souffre m’effleure,
Voici que vient la grande fraîcheur…

À midi, comme il me brûlait, mon soleil!
Soyez les bienvenus, vous qui venez,
Ô vents soudains,
Frais esprits des après-midi!

Étrange et pur, passe l’air,
Ne cligne-t-elle pas vers moi,
La nuit,
Avec sa mine oblique de séductrice?
Sois fort, mon cœur vaillant,
Sans demander : Pourquoi? –

2

Jour de ma vie!
Le soleil décline,
Déjà s’étend tout lisse
Le flot doré.
Le roc respire sa chaleur :
N’est-ce pas que le bonheur
À midi y fit sa sieste?
En verts éclairs se joue
Le bonheur sur le gouffre noir.

Jour de ma vie!
Alors vient le soir,
Déjà presque éteint
Rougeoie ton regard,
Déjà perle de ta rosée
Le ruissellement des larmes,
Déjà court en silence sur une mer pâle
La pourpre de ton amour,
Ta dernière, tremblante félicité…

3

Sérénité, ô dorée, viens,
La plus secrète, la plus douce
Préface de la mort!
Ai-je couru trop vite sur mon chemin?
Maintenant que mes pieds sont las,
Ton regard me rejoint encore,
Ton bonheur me rejoint encore.

Autour de moi rien que jeux de vagues,
Tout le pesant d’autrefois
Sombra dans le bleu d’oubli.
Oisive flotte ma barque,
Traverse et tempête, que vous êtes oubliés!
Espoirs et désirs sont noyés,
Lisse mon âme, lisse la mer –

Ô septième solitude!
Jamais plus proche ne fut
La douce certitude,
Plus tiède le regard du soleil –
Ne luit-elle pas encore, la glace de mes cimes?
Légère et d’argent, un vrai poisson,
Ma nacelle à présent nage dans l’espace…

(Friedrich Nietzsche, Dithyrambes pour Dionysos)

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