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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-02-20 | [Acest text ar trebui citit în francais] | Înscris în bibliotecă de Dolcu Emilia I Je suis un homme malade…Je suis un homme méchant. Un homme plutôt repoussant. Je crois que j’ai le foie malade. Soit dit en passant, je ne comprends rien de rien à ma maladie et je ne sais pas au juste ce qui me fait mal. Quoique respectant la médecine et les médecins, je ne me soigne pas et je ne me suis jamais soigné. Ajoutez à cela que je suis supersticieux à l’extrême ; enfin assez pour respecter la médecine. (Je suis suffisammment instruit pour ne pas être supersticieux, mais je le suis quand même.) Eh, non ! c’est par méchanceté que je refuse de me soigner. Et ça, je suis sûr que vous ne me faites pas l’honneur de le comprendre. Et bien, moi, je le comprends. Bien entendu, je ne saurais vous expliquer à qui, en l’occurrence, ma méchanceté réserve sa volée de bois vert ; je sais parfaitement et très bien que les docteurs, ça ne les « embêtera » en aucune façon que j’y aille ou pas ; je sais mieux que personne qu’avec tout ça, je ne peux me faire tort qu’à moi-même et à personne d’autre. Mais n’empêche, je ne me soigne pas, c’est par méchanceté. Tu as mal au foie ? Grand bien te fasse, aies-y encore un peu plus mal ! Cela fait déjà longtemps que je vis comme ça – quelque chose comme vingt ans. J’en ai quarante, à présent. Avant, j’étais fonctionnaire ; je ne le suis plus. J’étais un fonctionnaire méchant. J’étais grossier et j’y prenais plaisir. C’est que je ne me laissais pas graisser la patte, moi ! Alors j’avais bien droit à cette compensation. (La blague ne vaut pas cher, mais je ne la bifferai pas. En l’écrivant, je croyais que ça ferait très piquant ; maintenant, je m’aperçois que je ne cherchais qu’à faire bassement le malin, mais je ne la bifferai pas ! Exprès !). Lorsque des solliciteurs venaient me renseigner à ma table, je les accueillais avec des grincements de dents et si je réussissais à les contrarier, j’en éprouvais une jouissance inépuisable. Et j’y réussissais presque toujours. Le plus souvent, c’étaient des gens timides : les solliciteurs, on connaît ça ! Mais côté paltoquets, il y avait un officier que j’avais particulièrement dans le nez. Il refusait obstinément de plier et faisait, avec son sabre, un tintamarre odieux. Nous nous sommes livré la guerre dix-huit mois de suite à cause de ce sabre. Et j’ai fini par l’emporter. Il a cessé son tintamarre. D’ailleurs, ça, c’était du temps de ma jeunesse. Mais savez-vous, messieurs, en quoi consistait le point essentiel de ma méchanceté ? Eh bien, tout le sel de l’histoire, le summum de l’infamie, c’est qu’à chaque seconde, même quand je répandais le plus de fiel, j’étais au-dedans de moi-même, honteusemnt conscient de ne pas être méchant du tout, et encore ça ne serait rien : même pas aigri ; de me borner à jouer inutilement les épouvantails à moi-même. Me voici l’écume à la bouche, mais apportez-moi une marionnette de trois sous, offrez-moi une bonne tasse de thé et un petit sucre et, ma foi, là-dessus, je me calmerai. Et même j’en aurai le cœur attendri, bien qu’ensuite, je sois sûr de grincer des dents après moi-même et de payer ma honte de plusieurs mois d’insomnie. Je suis comme ça, que voulez-vous ? En vous disant que j’étais un fonctionnaire méchant, tout à l’heure, je vous ai raconté des bourdes. Et ça, par méchanceté pure. Les solliciteurs, l’officier, ce n’était qu’un passe-temps ; en réalité, je n’ai jamais réussi à me rendre méchant. Je sentais tout le temps en moi-même des tas d’éléments qui s’y opposaient radicalement. Je me sentais grouiller en moi, ces éléments opposés. Je savais que, toute ma vie, ils avaient grouilé là, demandant à prendre le large ; mais je les en avais empêchés, oui, je les en avais empêchés, je les avais empêchés de se montrer ! Exprès ! Ils me tourmentaient, ils me tourmentaient honteusement, ils me poussaient jusqu’aux convulsions et… j’avais fini par en avoir assez, mais alors, assez ! Cependant, ne croyez-vous pas, messieurs, que je bats ma coulpe devant vous, que j’ai l’air de m’excuser de ne sais quelle faute ? … Seulement, dans le fond, que vous le croyiez ou non, je vous assure que je m’en moque… Non seulement je n’ai pas su devenir méchant, mais je n’ai rien su devenir du tout ; ni méchant ni bon, ni crapule ni honnête homme, ni héros ni insecte. Et à présent, j’achève mes jours dans mon coin, m’échauffant moi-même la bile de la consolation parfaitement inutile qu’un homme intelligent ne sera jamais quelqu’un, que seuls les imbéciles y arrivent. Eh oui ! Un homme intelligent du XIX e siècle doit, est moralement tenu d’être avant tout une créature sans caractère ; mais l’homme de caractère, l’homme d’action, doit être de préférence une créature bornée. Cela fait quarante ans que je m’en convaincs. J’ai quarante ans, et la quarantaine, c’est toute la vie ; c’est le terme le plus avancé de la vieillesse. Vivre plus de quarante ans, c’est inconvenant, vulgaire, immoral. Qui dépasse la quarantaine ? Répondez-moi franchement, honnêtement. Je vais vous le dire, moi : les imbéciles et les bons à rien. Je suis prêt à le dire en face de tous les vieillards, à tous ces vénérables vieillards, à tous ces vieillards au chef argenté qui fleurent si bon la suavité. Je suis prêt à le crier à la face du monde. J’ai le droit de parler ainsi, parce que moi, je vivrai jusqu’à soixante ans. Soixante-dix ! Quatre-vingts ans !.... Attendez, laissez-moi souffler… Vous croyez certainement que je veux vous faire rire, messieurs ? Là aussi, il y a erreur. Je ne suis pas du tout le rigolo pour lequel vous me prenez, ou me prenez peut-être ; au fait, si, agacés par tout ce verbiage (et je le sens déjà, qu’il vous agace), vous vous avisez de me demander qui je suis au juste, je vous répondrai que je suis assesseur de collège. J’ai occupé ce poste pour avoir quelque chose à me mettre sous la dent (mais uniquement pour cela) et l’année dernière, l’un de mes parents éloignés m’ayant laissé un legs de six mille roubles, j’ai immédiatement pris ma retraite et je me suis installé dans mon coin. Ce coin, je l’habitais déjà, mais maintenant, je m’y suis installé pour de bon. Ma chambre est vilaine, infecte, au bout de la ville. Ma servante est une bonne femme de la cambrousse, vieille hargneuse parce qu’elle est bête ; par-dessus le marché, elle sent toujours mauvais. On me dit que le climat de Pétersbourg ne me vaut plus rien et qu’avec mes moyens misérables, la vie m’y coûte beaucoup trop cher. Je le sais parfaitement, bien mieux que tous mes sages conseilleurs et opineurs. Mais je reste à Pétersbourg ; je ne quitterai pas Pétersbourg ! Et je ne le quitterai pas parce que…Bah ! Cela n’a absolument aucune importance, voyons, que je le quitte ou non. A propos, de quoi un honnête homme peut-il parler avec le plus de plaisir ? Réponse : de lui-même. Alors, moi, je vais vous parler de moi-même. |
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