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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2004-08-18
| [Acest text ar trebui citit în francais]
JOURNAL D’UN SOUVENIR...
LUNDI Je suis seule dans ma chambre. En fait je suis de nouveau seule... dans ma vie. Pour la combientième fois ? A quoi bon tenir le compte ? C’est le présent qui compte maintenant. Les chaises se « taisent », il n’y en a pas une qui craque. Quand tu te dis « je suis seule avec moi même », au fond de toi, dans tes profondeurs les plus cachées, tu voudrais avoir prononcé ces mots pour la dernière fois. Tu voudrais les écarter, oublier au plus vite leur sens, la vérité ! Et il se met à pleuvoir... et une partie du gris qui m’entoure s’efface. Et après la pluie... le soleil qui s’élève, brille à nouveau en purifiant l’atmosphère. Et surtout, il dissipe la lourde tristesse des pensées. J’ai sorti un sandwich et j’ai mordu dedans. On me cherche... mais je ne veux parler qu’à toi, seulement à « toi », seulement, mon passé, que je voudrais oublier. Mon passé dont les faits gardent la mémoire, mais que j’ai caché au plus profond de mon âme. Et à cause de cela je me suis parfois sentie tellement seule, toute seule, même en compagnie de mes amis. Passe, tais-toi ! C’est ce que j’aimerais pouvoir dire à mon âme ! Et pourtant elle a raison. Elle aurait fait un bon géologue. Elle creuse jusqu’au filon. Et derrière une plaie. Ouverte ou non, qu’importe ? Elle finira par guérir ! Je suis assaillie de questions de toutes parts. Chacun a quelque chose à me demander.......... et souvent ça me bouleverse. Mais j’oublierai ! Certainement ! L’oubli est aussi vrai que la tristesse. Donc ? Et tu étais encore à côté de moi... Mais aujourd’hui, je suis seule. Tout comme le jour où... J’ai sorti ce cahier d’un tiroir oublié. J’avais à coeur d’y écrire quelque chose... De communiquer ce que je ressentais par moments ! Et lorsqu’on veut se remémorer.......... des bribes de sa vie, on commence toujours par le début, n’est-ce pas ? Jusqu’ici, dans mon enfance, j’ai parcouru ma vie d’un pas rassuré ! J’ai voyagé plutôt comme dans la douce période des vacances, toujours un sourire mal caché, aux coins des lèvres. Toujours avec un air triomphant, et toujours insouciante. Triomphante ? Oui, parce que mes parent et mes beaux parents m’avaient toujours traitée comme étant un être délicat et fragile, aussi comme leurs chers bibelots, en pur cristal de Bohême, ou mieux encore, comme leurs trop précieux vases jumeaux, en porcelaine de Sèvres. Donc pour ne pas se « casser », leur petit « trésor » devait être en permanence enveloppé, éventuellement dormir sur de confortables oreillers en plume d’oie. Puis, pour ne pas être « volé », toujours leur petit « trésor » devait être en permanence défendu et gardé par toute l’équipe de « 2 + 2 », c’est a dire les parents « combattants » sur le terrain 24 heures sur 24, et par les grands – parents en guise de « réserves ». Leur souci permanent est explicable, car les plus chers héritages de la famille qui m’ont servi de terme de comparaison, ont traversé des périodes historiques très tourmentées pendant leur vie d’objets de haute valeur. Ainsi en 44, ils ont survécu aux bombardements de la Deuxième Guerre Mondiale, puis au grand refuge devant l’avance des troupes russes. Finalement ils ont traversé sains et saufs les tremblements de terre des années 1977 et 1985. (A propos, tu te rends compte, qu’en 85, moi je venais de fêter ma première année de vie ?!). Je grandissais... Je grandissais...comme une fleur, en pleine nature, et j’étais belle à croquer. C’était le résultat de la métamorphose. J’étais comme une petite rose qui tout en poussant chaque jour, chaque jour attirait de plus en plus les généreux rayons du Soleil, en s’enrichissant de couleurs, en diffusant autour des arômes raffinés. Et la modestie ? Quelle modestie ? « Quelle enfant adorable ! Belle comme tout ! On dirait une véritable poupée ! Elle rayonne de santé et de bonne humeur ! Et en plus elle est aussi vivace et intelligente ! » Et ainsi de suite, les amis, les voisins du quartier, les personnes connues, même les inconnus de la rue ne pouvaient pas s’abstenir de dire quelque chose sur moi. Impossible de passer inaperçue ! Surtout mes parents étaient heureux. Après quelques années de mariage leur maison devenait le foyer idéal, où résonnait ma voix douce et mélodieuse. Mais qu’est ce que je deviendrai ? Comment, tu ne le sais pas, tu n’es pas au courant ? Mais cela a été décidé depuis bien longtemps. « Elle est intelligente, donc elle va aboutir dans sa carrière. Il est certain qu’elle va accéder à une solide position sociale et professionnelle. Elle est belle, évidemment elle fera un beau mariage ! » Maintenant, tu vois, ma réussite était écrite dans les astres et personne ne se doutait de rien. Tout le monde savait ce que j’allais faire : « Moi » je deviendrai quelqu’un d’important ! Certainement rien d’autre que l’idéal déjà bien établi, même figé de l’équipe de « 2 + 2 », avec leurs « trop précieux trésors » datant de l’avant guerre ! Moi même, je commençais aussi à y croire, autant dans ma réussite que dans la bonne volonté des astres ! Et comment ne pas être convaincue, à partir du moment où la vie ne m’avait rien pris, de mon bien. Mais au contraire elle s’était toujours dépêchée de me faire des cadeaux. D’une manière générale, et j’espère être bien comprise, la désillusion n’avait pas encore frappé à ma porte ! Je n’avais pas encore appris la signification primaire du verbe « perdre » puisque je n’avais non plus souffert d’être toujours « vainqueur ». Mais la vie devait commencer son jeu « d’échecs » avec moi. Elle ne va pas tarder à démarrer le compte a l’envers en m’imposant la sortie sur le champ de bataille de mes pièces de leurs chaud abri dans les coulisses : 3, 2, 1, 0 ! Rien ? Pas la moindre chute ? Pas une seule pièce blanche, des miennes, n’a encore été mise en dehors du jeu ? Rien ! Pour l’instant ! Je croyais m'être rassurée, en récupérant mon sourire, mais je tombe à nouveau dans la mélancolie.......... et je suis tellement ensommeillée... MARDI J’étais élevée. Le temps passait et la petite fille au cartable avait grandi et était devenue une merveille. Peut-être... trop belle ! Les vacances avaient passé, tout comme les années... La rentrée au lycée eut lieu un beau matin. J’étais sûre que j’allais me réveiller à 7 h. Jamais je ne me réveillais plus tard. C’était une habitude ancienne. Mais ce matin-là, je me suis réveillée ensommeillée, à 8 H moins le quart. En voyant l’heure, j’ai paniqué. Ce ne fut qu’à 8 H 30 que j’ouvris, tout émue, la porte de la salle de classe. J’étais en retard d’une demie heure... et j’habitais à 10 min de l’école ! A mon grand soulagement, un camarade était près de la porte – lui aussi en retard. Je me suis apaisée en pensant que je ne serai pas la seule à être « grondée »... Quand je m'en souviens, j’ai envie de rire... j’entends encore les propos exaspérés de la professeur assise à la chaire : « Je serais votre professeur principal. Je vous apprendrais le roumain – c’est une matière dans laquelle les retards vont vous coûter cher... » Je n’aurais pas osé bouger, sans parler de sortir en évidence, mais mon camarade m'a chuchoté à l’oreille : « Elle est assez dure la prof ! Mais elle ne sait pas que les gens importants se font toujours attendre ? » Alors j’ai éclaté de rire. Notre professeur principal nous examina du regard. Je tachais de m’arrêter, mais je n’y arrivais pas. Maintenant non plus, je ne saurais m’arrêter de rire, car le souvenir de ce jour-la est plus intense que jamais. Silence. Un silence total. On n’entendait même pas voler une mouche. Le camarade ému me jette un regard complice et à ce moment-la je l’ai senti me prendre par la main. Il me regarda droit dans les yeux pendant quelques secondes et je me suis arrêtée. Comme maintenant, aussi, parce que ce regard je le vois clairement et toujours je me le rappelle clairement. C’est alors que j’ai ressenti comme une perte matérielle : son regard m’a volé quelque chose, que je ne peux pas préciser... Il avait une figure tellement innocente, que j’eus a nouveau l’envie d’éclater de rire. Mais je ne pouvais pas. Sa main qui serrait la mienne de plus en plus fort, empêchait toutes mes tentatives. Je sens aujourd’hui même le sang se glacer au bout de mes doigts et le rire enfreint sous l’effet de cette étreinte imaginaire.......... Je voulais présenter des excuses à ma professeur, mais à peine avais-je commencé à parler que mon beau camarade m’interrompit : « Hier soir nous avons pris le thé ensemble, pour fêter la fin des vacances. Puis c’est toujours moi qui la raccompagne jusqu’à la maison, mais un peu trop lentement ». C’est une preuve de caractère quand on prend le parti d’une jeune fille ! N’est-ce pas ? Qu’est ce que tu en penses ? Cette fois-ci un peu plus calme, la professeur lui demande sans réticence : « Qu’est ce qui se passe avec toi ? T’es tombé amoureux, n’est-ce pas ? » « Oui ! » jaillit la réponse de mon camarade, puis comme dans une transe hypnotique il enchaîna ; « À la sortie du lycée, nous nous marierons ! » Tous souriaient ! Toute la classe éclatait de rire. Finalement même la professeur a ri, elle aussi. Dans toute la classe il y avait un seul pupitre libre, tout au fond de la sale, mais prévoyante, la professeur a imposé une « petite rocade » à nos camarades, en nous offrant un des deux pupitres situé juste au premier rang de la classe, juste en face d’elle. J’ai été très étonnée que la professeur nous ait permis de rester ensemble au même pupitre. Finalement je crois qu’elle a bien pesé toutes les conséquences possibles. Sans doute pensait-elle que, de toute façon, nous communiquerions pendant les cours. En nous mettant ensemble, au moins c’était clair. Elle croyait probablement que c’était pour le bien de la « communauté » qu’il y ait le moins de discussions dans la classe. Il a sonné tout de suite et mon camarade m’a pris par les épaules et m’a serré près de lui en me chuchotant : « Nous devons sauver les apparences ! Si un camarade découvre que l’histoire que nous avons servie au professeur n’est que du bidon, il n’y aura plus de charme. » En le regardant j’ai plongé dans ses deux yeux verts dans lesquels la lumière du Soleil scintillait en milliers de petites flèches. Il ne manquait qu’un arc et Cupidon ! Ou peut-être Cupidon était-il déjà passé, parce que je ne me suis pas du tout montrée trop pressée de m’éloigner de lui. J’ai évité ainsi de briser le début d’une poésie, ou d’un poème... Je lui ait seulement dit qu’il n’était pas sérieux, mais que je le trouvais de toute façon sympa. On s’est promené un peu dans la cour du lycée. On a parlé de la pluie et du beau temps. On avait au moins fait connaissance et on s’appelait par nos prénoms. Quand on est rentré dans la classe, on a trouvé une grande inscription sur le pupitre : « Les colombes ». Il a éclaté de rire tandis que moi, je ne savais pas où me cacher. Voilà comment a débuté mon premier amour. La collégienne appliquée avait disparu. J’étais préoccupée par d’autre choses maintenant, en dehors de l’école. Dès les premiers jours d’école, il était devenu un véritable ami. Je m’apercevais qu’il était en train de tomber amoureux de moi. Et moi... aussi ? Dis-moi, qu’est-ce qui m’arrivait ? MERCREDI Je suis en train de réviser mon cahier, et je suis assez contente de moi. J’ai constaté que j’ai écrit assez bien… Courage ma petite ! Essaye de cultiver un peu ce début de talent et tu deviendras une écrivain bien connue ! Mais non, c’est complètement faux ! Derrière cette épreuve écrite il n’y a rien d’artificiel, car toi, mon cher journal tu vas m’aider seulement à regarder dans les profondeurs de mon âme, éclairer mes pensées et mes sentiments…et éliminer tout ce qui est moche. ....... La première année au lycée était finie. Quelques jours plus tard je suis partie au bord de la mer avec mes parents. Il allait y venir une semaine plus tard avec un copain. Il a tenu sa parole. On a logé dans le même hôtel. On prenait des bains de soleil ensemble. Mes parents étaient toujours à côté de nous. Je ne sais pas ce qu’ils pensaient, mais j’avais le sentiment qu’ils étaient attachés à lui... Le soir, nous flânions tout seuls, après nous allions à la disco. Nous n’y restions pas longtemps. Quand la boite commençait à se remplir, nous partions. Le plus souvent, nous cherchions refuge sur la digue. La promenade était merveilleuse. J’aimais regarder le phare au loin, et la mer sur laquelle il jetait ses lueurs. J’admirais les vagues qui ne renonçaient jamais à lutter contre la rive. Maintenant, je voudrais leur ressembler : être puissante et invincible... Parfois, nous nous asseyions sur la digue et nous nous rappelions la rentrée au lycée et notre première rencontre. Alors, j’avais envie de prendre la vie dans mes bras – tant sa bonté me rendait heureuse et reconnaissante. Il faisait plus frais que d’habitude. Je me souviens que nous sommes allés à l’hôtel prendre des vêtements plus chauds. Ensuite nous avons couru sur la digue... Ce jour-là, nous nous sommes promis que nous ne permettrions jamais à personne, de nous séparer et que notre amour finirait comme dans les contes de fée : avec un joyeux mariage ! Et pourtant ses yeux verts semblaient pleurer... Les trois dernières semaines de vacances, je les ai passées chez nos grands parents, à la montagne, loin de lui. Avant, j’aurais aimé me trouver dans ces lieux merveilleux, mais je ressentais déjà que rien ne pouvait être « Splendide » en son absence... Je pensais à lui si passionnément que je le sentais à côté de moi. Mais ce n’était qu’une illusion qui n’arrêtait pas de m’inquiéter. Que c’est beau ! Je crains de ne pas rendre les armes ! Est-ce tout cela qui restait de mon adolescence, dans mon coeur engourdi ? Pourquoi cette mélancolie ? JEUDI Je rentrais chez moi. Je ne l’ai revu qu’un jour avant la rentrée. Je l’ai reconnu de loin, d’après sa démarche. Il souriait... au coin des lèvres. En même temps, son regard semblait inquiet, tourmenté... Je ressens même à présent son désir ardent de vivre. Il y avait trop de feu dans ces yeux verts : ils percevaient le monde au grand jour et ils brûlaient avec lui... Il m'a paru triste et affaibli. Il m’a prise par la main et nous nous sommes promenés. Nous n’avons pas beaucoup parlé, nous nous sommes tus la plupart du temps. Mais à un moment donné, comme nous étions assis sur un banc, il m’a embrassée sur la joue et m’a dit qu’il m’aimait. Le lendemain, les cours ont commencé. Tous ont observé le changement, mais personne ne savait ce qui nous arrivait. Moi non plus, peut-être, mais je n’ai pas eu assez de temps pour m’en apercevoir. Les quatre premières semaines, je les ai vécu au maximum. Je n’avais pas cru que son amour pouvait s’accroître encore. Et pourtant, je sentais qu’il m’aimait de plus en plus. Chaque matin, il passait me prendre pour aller ensemble à l’école. Tout semblait être en ordre. Un jour, il n’est pas venu. Il ne m’avait donné aucun coup de fil pour me prévenir. Je l’ai attendu longtemps... Je me souviens que, contre cette mauvaise fortune je faisais bon coeur. Je m’amusais à penser qu’il « a oublié de se réveiller », tout comme il y avait presque une année. Ensuite j’ai commencé à m’inquiéter. Chez lui, il n’y avait personne ! Personne ne répondait ! A l’école, j’ai fait les cent pas toute la journée. Je me taisais, je laissais les questions se succéder sans y répondre. Tous me regardaient. Ils comprenaient que quelque chose était arrivé et ils s’agitaient à l’idée que peut-être nous allions nous séparer. Pour eux, nous avons été, pendant plus d’un an, non seulement ensemble, mais le couple idéal. Donc, ce qui était arrivé ne comptait pas. Il était important qu’un changement se soit produit et que mes yeux soient devenus tellement incertains et interrogateurs... Que pouvait-il en être ? J’ai appris en fin de compte qu’il était interné dans un hôpital pour une opération. Quand je suis arrivée, on ne m’a laissée avec lui que deux minutes. Il souriait... et il était tranquille. Je croyais que ce n’était pas grave, qu’il allait bientôt guérir... C’est ce qu’il m’a dit... mais... Le lendemain, je devais le chercher dans un autre service. Quand je me suis présentée à l’hôpital, lui, il n’y était plus... J’aurais voulu le revoir encore une fois... et j’ai éclaté en sanglots. Mes parents m’ont rejointe, en peu de temps. Ma mère avait les yeux éraillés et j’avais l’impression qu’elle tremblait... Dis-moi, qu’est-ce que « tu » aurais fait ? Que faire quand sous tes yeux s’écroulent tous tes rêves, l’espoir, l’amour... ? VENDREDI Je suis allée faire une promenade toute seule et j’ai admiré encore une fois la beauté de la nature. Tout me troublait : un beau coucher de soleil, le ciel clair, la tempête, mais surtout l’etendue frissonnante de la mer. J’ai rêvé longtemps, allongée sur mon lit. Ensuite je me suis levée pour écrire. Je n’arrive pas à m’endormir. Je pense à des choses désagréables, bien que je ne veille pas... C’est plus fort que moi. Et ces iris verts dans mon souvenir me poursuivent... Oui, je me sens seule et je doute que personne puisse me comprendre. J’aimerais pouvoir en parler à quelqu’un, mais je ne saurais être sincère... tandis qu’avec « toi » il n’y aucune entrave. Tu me comprends, n’est-ce pas ? Je me moque de mon amour. J’ai nourri tant d’illusions... Comment vais-je vivre sans lui ? Je suis bouleversée ; j’ai pleuré toute la soirée... et après, je me suis levée pour écrire ces lignes. Sans lui, la vie n’a plus de sens, elle est laide et morne ! Comment puis-je investir tant d’énergie et une âme si pure dans un passe temps si futile, vain et trompeur ? L’amour est l’idéal de ceux qui n’en ont pas d'autre. Un chemin sur lequel je marchais avec tant d’enthousiasme et qui s’avère être une impasse... un pauvre égarement ridicule ! Peut-être que je me suis laissée tromper par une illusion passagère. Certainement. L’amour ? On le perd en le gagnant, on le gagne en le perdant ! Va-t-en, amour ! Ca ne vaut pas la peine ! Ca demande trop de temps, trop de patience, trop de tourments. Le plus triste c’est qu’on le perd sans avoir failli et finalement sans avoir eu tort. Un jour, on vient te dire tout simplement « adieu », j’en ai trouvé un autre, ou bien il meurt... Et tu restes clouée sur place, au milieu de ton chemin : « c’est fini, rebrousse chemin, il n’y a plus rien à aimer ici, tout est désert et... il faut chercher ailleurs ! » Une vive sensation de vide et d’inutilité... Il a disparu. Il n’est plus. Avec lui, s’en va ma seule chance de connaître un véritable grand amour, un amour accompli, partagé et durable. C‘est la seule dette que la vie s’entête à ne payer à personne... Que faut-il prétendre ou exiger et que faut-il rejeter ? Que peut-on demander ou désirer en toute tranquillité et qu’est-il défendu d’écraser ? Pourquoi ne peut-on aimer quelqu’un pour la simple et seule raison qu’il t’aime ?... Je me suis aperçue que le chemin est plus difficile, plus rude encore que j’avais cru. Il ne me reste, maintenant, qu’à attendre. De la patience, de la patience..., de la confiance..., et faire renaître l’Espoir ! Pourquoi les jeunes filles sont elles tellement sensibles et moi plus encore que les autres ? Je n’amasse que de la souffrance. Personne ne me comprend, personne ne m’aime comme je peux aimer et comme je le fais. Bonne nuit, mon étoile ! Aide-moi à m’endormir pour soulager ma douleur. Je voudrais dormir pour soulager ma douleur. Je voudrais dormir davantage pour échapper à cette atmosphère qui me pèse, aux voix qui chuchotent, à ce sentiment d’impuissance devant l’inévitable, devant les incontournables pièges du destin. Je sais que je suis lâche, mais que puis-je faire ? J’ai les paupières lourdes... et mes pensées s’envolent si loin... Je crois que je t’écrirai encore demain... SAMEDI Aujourd’hui je suis très paresseuse. Je ne peux penser à rien. En plus, en relisant mon journal, je me suis rendue compte à quel point j’ai changé. Avant j’étais plus gaie, j’aimais rire, chahuter, maintenant, je m'ennuie. Je n’ai plus envie de rien. Sauf de toutes sortes de bêtises ; n’importe quoi... Je ne supporte plus les confessions idiotes de mes camarades ! Elles sont trop banales pour que je les écoute, et j’en soufre. Chaque fois qu’elles ont des ennuis, elles se ruent pour me les raconter. C’est ridicule... je n’ai même pas de temps pour moi. Quelle folie ! Je vis ma vie sans la connaître. Hé, mon petit ange ! Tu m’entends ? Aide-moi : je veux dormir ! Je ne me suis pas couchée. Je suis allée à la fenêtre et j’ai regardé les étoiles. J’avais trop chaud. J’ai pensé à lui. J’espérais guérir plus vite mais la vérité est que j’en suis encore ébranlée. Et pourtant, je regrette un peu le passé... j’aimerais qu’il soit différent... C’est plus dur ainsi, car c’est le tour de la volonté de se faire écouter. Je crois ne plus être adolescente ! C’est mon coeur plus que mon âme qui a quitté cette vie, ma vie est surtout pour les autres. Mais je ne dois pas oublier tout ce qui s’est passé de beau il y a quelques temps... l’enthousiasme de certains instants... cette illusion qui me porte à la rêverie, sans craindre les coups lourds. D’autre part, j’ai découvert que le monde n’est pas toujours beau, comme je le croyais. Il est parfois triste... Je voudrais pouvoir apporter l’amour dans ce monde, maintenant, à présent et à l’avenir. Je voudrais oublier que j’existe et donner tout ce dont je suis capable. Les gens ont besoin d’amour, tout comme j’ai besoin de « lui » ! Peut-être cette histoire triste m’a appris quelque chose : je suis devenue plus lucide. Quand il est question de l’amour, je ne dois pas rêver de choses merveilleuses pour accepter d’aimer toujours davantage. Etre toujours attentive avec mes parents, avoir de la patience avec mes amis, non pas couper court, être ouverte avec mes camarades, prête à écouter toutes leurs histoires. Je suis persuadée qu’en agissant ainsi, je donnerai aux autres la chaleur qui me manque tellement en ce moment et la lumière que j’ai cherchée pendant tant de nuits. Je sais qu’il voulait que je sois ainsi... Minuit est passé. Je quitte mon bureau. Les yeux fatigués me font mal. Je le ressens d’autant plus maintenant que j’ai éteint la lampe. Quelle chance que demain commence un autre jour ! Au diable ! Cette fois-ci, décidément, je vais m’endormir ! DIMANCHE Je m’ennuie, je m’ennuie. J’ai essayé de m’amuser, mais je n’y suis pas parvenue. Je devais apprendre, mais je n’en ai pas l’envie. Pourquoi ai-je seulement des pensées tristes ? Je suis restée longtemps devant la fenêtre à rêver, à essayer d’échapper à l’ennui, mais mes rêves eux-mêmes sont tristes. J’ai une envie folle d’aimer ! Une radio bourdonne à côté, qui m’agace. Je voudrais qu’il n’y ait plus de soleil, plus de ciel bleu, plus d’oiseaux, plus de fleurs... Je voudrais que la terre soit un trou noir où je puisse cacher mes ennuis ! Il me manque... il m’a quittée ! Je suis déçue. Je ne peux compter que sur toi, mon journal ! Je suis bête, je m’énerve, je n’arrive pas à me maîtriser et cela me tourmente. La lucidité me rend plus inquiète. Je sais bien que sous le prétexte de cette perte... j’essaie de cacher ma vie. Et qu'y a t-il de mal là-dedans ? Dis-le moi ! Oui, je sais, ce n’est pas bien..., c’est trop... Au lieu d’être calme, compréhensive, me voilà inquiète et nerveuse. Il n’y a rien de mal à ce que je l’aime encore, mais je ne l’aime pas comme il faut, peut-être parce que mon amour est un peu égoïste. Maintenant, il n’est plus qu’un souvenir..., une partie de mon âme. J’ai sommeil, mais je me suis assise de nouveau à la fenêtre pour regarder la Lune passer parmi les nuages. Quand elle réussit à se glisser parmi eux, elle montre sa fascinante beauté. Cette nuit c’est la pleine Lune. Sur ma droite, haut dans le ciel, juste au dessus de la Lune, a fait son apparition une étoile brillante, bien plus étincelante que toutes les autres. C’est moi qui l'ai découverte... et je sens que c’est mon étoile. Maintenant, je suis plus calme, tranquille, libérée des émotions confuses. J’ai la certitude qu’il a été mon amour, qu’il sera toujours à côté de moi et qu’il veillera sur moi. Maintenant je suis heureuse..., ma tristesse se dissipe comme par enchantement... Je sais que plus tard, moi aussi je deviendrai une étoile ! Mony |
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