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■ am învățat să supraviețuiesc și așa
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2006-09-04 | [Acest text ar trebui citit în francais] | Înscris în bibliotecă de Guy Rancourt
Et puis, c’est oublié.
Ai-je pensé, vraiment, ces choses-là ? Bon soleil, te voilà Sur les bourgeons poisseux qui vont se déplier. Le miracle est partout. Le miracle est en moi qui ne me souviens plus. Il fait clair, il fait gai sur les bourgeons velus ; Il fait beau — voilà tout. Je m’étire, j’étends mes bras au bon soleil Pour qu’il les dore comme avant, qu’ils soient pareils Aux premiers abricots dans les feuilles de juin. L’herbe ondule au fil du chemin Sous le galop du vent qui rit. Les pâquerettes ont fleuri. Je viens, je viens ! Mes pieds dansent tout seuls Comme les pieds du vent rieur, Comme ceux des moineaux sur les doigts du tilleul. (Tant de gris au-dehors, de gris intérieur, De pluie et de brouillard, était-ce donc hier ?) Ne me rappelez rien. Le ciel est si léger ! Vous ne saurez jamais tout le bonheur que j’ai À sentir la fraîcheur légère de cet air. Un rameau vert aux dents comme le « Passeur d’eau », J’ai sans doute ramé bien des nuits, bien des jours... Ne me rappelez rien. C’est oublié. Je cours Sur le rivage neuf où pointent les roseaux. Rameau vert du Passeur ou branche qu’apporta La colombe de l’Arche, ah ! la verte saveur Du buisson que tondra la chèvre aux yeux rêveurs ! Être chèvre sans corde, éblouie à ce tas De bourgeons lumineux qui mettent un halo Sur la campagne verte — aller droit devant soi Dans le bruit de grelots Du ruisseau vagabond — suivre n’importe quoi, Sauter absurdement, pour sauter — rire au vent Pour l’unique raison de rire... Comme Avant ! C’est l’oubli, je vous dis, l’oubli miraculeux. Votre visage même à qui j’en ai voulu De trop guetter le mien, je ne m’en souviens plus, C’est un autre visage — et mes deux chats frileux, Mon grand Dikette-chien sont d’autres compagnons Faits pour gens bien portant, nouveaux, ressuscités. Bon soleil, bon soleil, voici que nous baignons Dans cette clarté chaude où va blondir l’été. Hier n’existe plus. Qui donc parlait d’hier ? Il fait doux, il fait gai sur les bourgeons ouverts... (In Les poèmes de Sabine Sicaud, 1958)
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